par Tamar
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3 avril 2022
Pourquoi faut-il être fauchée pour se rendre compte à quel point on est riche ? Douloureux constat ! Non pas que j'étais ingrate mais ces derniers temps, j'avais tendance à vouloir plus. Plus de temps, plus d'argent, plus de vacances, plus quoi ! Et pourtant, je connais la phrase de nos Sages qui dit : "Qui est heureux ? Celui qui se satisfait de son sort." Le problème quand on veut plus, c'est qu'on a tendance à râler. Je pensais pourtant que ce n'était pas mon genre mais voilà, je ne suis qu'une humaine avec ses défauts. En octobre, j'ai perdu mon principal client mais le moral n'a pas été touché. J'étais sûre que D.ieu dans sa grande bonté allait subvenir à mes besoins, comme Il l'a fait jusque là. Cela s'est vérifié puisque l'année 2021 ma société a fait le plus beau chiffre d'affaire depuis sa création. Et même si la trésorerie arrivait au compte-goutte, je dirais même sur le fil du rasoir, j'étais confiante. Oui, mais voilà, au mois de janvier, avec un taux de cas Covid jamais égalé, les rendez-vous prévus ont été repoussés. Une autre partie de mon chiffre d'affaires s'est arrêtée alors qu'on prévoyait un maintien au moins sur le 1er trimestre. Les affaires n'ont repris qu'à partir de la dernière semaine de février. Ce qui tombait plutôt bien puisque j'ai eu le Covid ! Et puis fort, en fait je n'aurais jamais pu travailler. J'étais bonne à rien ! Fatiguée, des problèmes respiratoires, j'ai passé mon mois de janvier à faire des examens, le mois de février à me remettre et mois de mars à déprimer (ce qui semble être un effet secondaire du Covid). Autant vous dire que, sans trésorerie d'avance, j'ai beaucoup prié. J'ai même joué au Loto pour laisser à D.ieu les moyens naturels de faire un miracle. Oui, mais voilà, nous sommes fin mars, le moment venu de verser les salaires à mon équipe et pas un centimes en banque. Depuis le mois d'octobre, j'ai diminué mon salaire et je n'arrive plus à boucler mes mois. Le découvert à la banque est impressionnant et je ne fais que les seules dépenses "obligatoires". Et c'est là que tout à pris un sens. Quand on n'a pas de quoi acheter à manger, et qu'on se rabat sur ce qu'il y a dans le placard ou le congélateur. Tout paraît un miracle. ça n'a pas été facile parce que c'est une période où s'enchaînent les anniversaires pour mes enfants et moi. C'est ce qui m'a fait le plus mal en fait, c'est l'impact que ça a sur mes enfants ; ne pas pouvoir leur offrir un beau cadeau, avoir peur de ne pas pouvoir les payer alors qu'il travaille pour moi, que mon fils, qui habite encore avec moi, me donne une partie de son salaire pour qu'on puisse manger. J'ai aussi très peur de perdre ma société, que mes enfants soient obligés de trouver un travail ailleurs, et de perdre les beaux bureaux dans lesquels je suis. Mais cette période a eu le bénéfice de voir l'essentiel. Pouvoir faire un repas simple, sentir le plaisir d'être ensemble, leur faire un petit cadeau mais qui leur fait plaisir, prendre du temps pour eux. Il faut juste avoir plus d'imagination pour taper juste. Un moment qui a été particulièrement difficile, c'est de ne pas avoir de quoi pratiquer. Le Chabbat j'ai utilisé ce qu'il y avait au congélateur, et ne rien avoir à préparer a été un crève-cœur. Au mois de Mars, nous avons eu la fête de Pourim et ça a été une épreuve. Comment faire pour faire toutes les mitsvot de cette fête si joyeuse habituellement ? J'ai quand même réussi à les faire toutes. Et ce qui m'a le plus touchée, c'est les cadeaux que nous devons faire. Avec mon peu de moyens, j'ai acheté des petits cadeaux à l'épicerie ne dépassant pas 5 euros. Je ne cuisine pas car il est difficile de répondre à la cacherout de chacune. A la lecture du matin, mes amies avaient des sacs énormes et moi, je me sentais ridicule avec mes 2 cadeaux. Dans l'après-midi, voyant personne à qui les donner, je suis allée à la synagogue à côté de mon bureau et j'ai demandé à la charmante Noëmie si je pouvais les lui laisser pour qu'elle les donne à des personnes de son choix. Qu'est-ce qu'elle m'a fait plaisir en me disant qu'elle savait déjà à qui elle les donnerait. Il me restait le Michté de Pourim. Alors vu que le temps est tout ce que j'avais, je suis rentrée et il me restait de quoi faire un gâteau au chocolat. En fait, les choses simples sont celles qui marchent le mieux. Toutes ces années, j'ai acheté sans vraiment me rendre compte de la chance que j'avais de pouvoir le faire et sans vraiment donner sa part à la mitsva. Je suis allée chez l'ostéopathe, et vu qu'il est juif, nous parlons souvent. J'avoue mettre effondrée quand je lui ai dit que le plus dur était de ne rien préparer à Chabbat. Alors il m'a donné des sous pour Chabbat et faire un cadeau à mes enfants. Quel 'Hessed ! Quel peuple ! Quelle solidarité ! Alors oui, je suis pauvre et en même temps si riche d'une belle famille, d'un bel appartement, d'un travail que j'adore, d'une équipe essentielle, et d'un peuple extraordinaire qui prend soin de moi. Voilà, ça y est, je suis satisfaite de mon sort à nouveau.